vendredi 25 avril 2008

Papy

Dans le salon, il y a une photo de papy Georges. Il est parti au ciel et papa était triste quand c’est arrivé. L’été, avec Faustine, on s’allonge dans l’herbe et on regarde les nuages. Et je me dis que je regarde peut-être papy Georges sans le voir.
Moi aussi, je serai triste quand mon papa va mourir. Et je serai très triste quand je vais mourir. Maman m’a dit que ce serait dans très longtemps, et qu’avant j’aurai des enfants et que je serai même grand-père. Alors, j’ai le temps.
Il paraît que personne ne sait ce qu’il y a après la mort. Personne ne sait non plus où on était avant notre naissance. Peut-être que l’on était mort ? Peut-être qu’on attendait que quelqu’un meure pour prendre sa place ? Un peu comme quand on fait la queue pour monter dans le manège. On regarde les autres tourner et quand le manège ralentit, on s’approche parce que l’on sait que ça va être bientôt notre tour. Sauf que moi, je ne me rappelle pas où j’étais avant de naître. Des fois, je ferme les yeux très fort et j’essaie de me souvenir. Pour l’instant, je ne suis remonté que jusqu’à la maternelle. Je me souviens d’une petite fille qui s’appelait Dorothée. J’étais son fiancé et j’avais des chaussures bleues à scratch. Elle m’avait invité à son anniversaire et je la revois au milieu des ballons et des bonbons Haribo.
J’aime bien les anniversaires. Faustine, elle est sans arrêt invitée. Et après, elle me raconte. J’adore ça. Je m’assied sur son lit et elle m’explique tout : le goûter, les jeux, la musique, les cadeaux. Elle gonfle les joues, saute à cloche pied, danse comme une princesse. Je lui pose des questions et elle me répond toujours. Faustine, c’est la seule qui ne s’énerve pas quand je pose des questions.

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